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L’éveil sur le Kilimandjaro

February 12, 2018

Par Spencer West, Toronto

Spencer avec Wilson Meikuaya, un guerrier Maasai, au Kenya en 2010.Spencer avec Wilson Meikuaya, un guerrier Maasai, au Kenya en 2010

En 36 ans de vie, j’ai fait face à de nombreux défis. Le premier s’est présenté il y a 15 ans lorsque j’ai annoncé à mes amis et ma famille que j’étais homosexuel. Je me suis senti très privilégié que toutes les personnes dans ma vie aient accepté ce fait et ne m’aient manifesté que de l’amour et du soutien. Toutefois la religion dans laquelle j’avais été élevé ne m’accordait pas l’appui dont j’avais besoin et, à 21 ans, je me suis retrouvé dans ce qui m’est apparu comme un désert spirituel. Je ne savais plus vers quoi me tourner. Pendant dix ans, j’ai étudié en vain d’autres religions, à la recherche d’une spiritualité qui réponde à mes idéaux et à mes valeurs morales. C’est à cette époque que j’ai quitté les États-Unis et émigré dans la ville de Toronto, au Canada, pour mon travail, ce qui m’a amené à devenir un conférencier de motivation pour une entreprise sociale appelée Me to We. Cette organisation se chargeait à l’époque de l’hébergement de son personnel déménageant à Toronto, et c’est ainsi que j’ai rencontré Alex Meers qui, à mon insu, allait devenir mon meilleur ami, me faire découvrir la pratique du bouddhisme de Nichiren Daishonin et m’embarquer dans bien d’autres aventures. 

Nous œuvrons tous les deux dans un endroit incroyable, mais qui peut également être terriblement stressant, sans parler du fait que je voyage près de 200 jours par an, ce qui est beaucoup moins prestigieux qu’il n’y paraît! Alex et moi sommes vite devenus les meilleurs amis, et j’ai commencé à remarquer qu’en période difficile ou stressante, il semblait toujours calme et serein, capable d’affronter n’importe quelle situation. Moi, sous l’effet du stress, je deviens vite agacé, et j’ai voulu savoir quel était son secret. C’est alors qu’il m’a parlé de la SGI, de la récitation du mantra Nam-myoho-renge-kyo, et qu’a commencé ce que je considère être ma première révolution humaine. Quand j’étais en ville, j’assistais aux cours d’introduction au bouddhisme au Centre culturel de la SGI du Canada à Toronto, et j’ai même commencé à réciter Nam-myoho-renge-kyo*. Cela a duré une année environ. À la même époque, Alex, David, notre autre ami, et moi-même avons lancé une campagne intitulée Redefine Possible avec pour but de gravir les 5 895 mètres du Kilimandjaro et de recueillir un demi-million de dollars afin d’approvisionner l’Afrique de l’Est en eau potable. En juin 2012, nous avons commencé l’ascension du plus haut sommet de l’Afrique. Certains pourraient penser que ce n’est pas si ambitieux que cela, car un grand nombre de personnes gravissent des montagnes, y compris le Kilimandjaro. Il me paraît donc important de préciser ici que je n’ai pas de jambes. Surprise, n’est-ce pas! Je suis né avec tous mes membres, mais une maladie génétique a empêché mes muscles de fonctionner. J’étais encore un enfant lorsque l’on m’a amputé à la hauteur du bassin pour me permettre de me déplacer plus facilement. 

Spencer et Alex (marchant derrière Spencer) lors de leur ascension du Kilimandjaro.Spencer et Alex (marchant derrière Spencer) lors de leur ascension du Kilimandjaro.

Autrement dit, j’allais tenter l’ascension du Kilimandjaro sur les mains et dans mon fauteuil roulant, ce qui n’est pas une mince affaire! Il s’est d’ailleurs avéré que l’ascension de ce sommet épique s’annonçait beaucoup plus difficile que prévu, car j’allais devoir le gravir sur les mains la majeure partie du temps et faire appel à mes amis pour m’aider physiquement lorsque je ne pourrais plus continuer. Je me souviens d’avoir affronté beaucoup de difficultés les premiers jours, de m’être senti déphasé. Je ne me reconnaissais plus. 

Alors que l’on continuait notre ascension, je me suis aperçu que nous n’avions pas récité Daimoku* depuis notre arrivée sur la montagne. C’était la troisième journée sur huit et demi. Quand nous sommes arrivés au camp, j’ai mentionné à Alex que j’étais mal en point et que je me rendais compte que j’avais besoin de prier. Nous avons invité David à se joindre à nous. Nous nous sommes éloignés et avons trouvé un rocher qui surplombait littéralement le monde. Nous étions tellement haut dans la montagne qu’il n’y avait rien d’autre de visible devant nous qu’un océan de nuages. Nous avons récité Nam-myoho-renge-kyo pendant une quinzaine de minutes environ et pendant ce temps, j’ai compris que la pratique bouddhique était ce que j’avais recherché depuis si longtemps. J’ai alors décidé de devenir un membre à part entière de la SGI. 

Spencer (au centre) avec Alex (à gauche) et David au sommet du Kilimandjaro.Spencer (au centre) avec Alex (à gauche) et David au sommet du Kilimandjaro.

Nous sommes finalement parvenus au sommet en dépit du fait qu’Alex et David aient été grandement affectés par le mal de l’altitude. À ce stade, nous avions largement dépassé notre but de recueillir des fonds pour approvisionner en eau potable et à vie, 12 500 personnes en Afrique de l’Est. Quelques mois après notre retour, j’ai reçu mon Gohonzon*. Non seulement j’étais passionné par les enseignements et les principes de base du bouddhisme de Nichiren Daishonin mais en plus, pour la première fois en tant qu’homme gai, je sentais que j’avais trouvé une pratique spirituelle qui m’acceptait tel que j’étais. Autre chose utile, alors que je commençais à étudier, j’ai enfin pu mettre en mots l’emploi que j’occupais depuis les neuf dernières années. Ainsi, je travaille pour un organisme qui habilite les gens à changer le monde mais, plus important encore, je me sers de mon histoire et de ma plateforme pour propager kosen rufu*. Je savais que mon poste était important, mais il a fallu attendre que je puisse le nommer, à savoir « la paix mondiale par l’autonomisation des autres », pour que je commence à ressentir l’impact de ma mission et à me sentir davantage en harmonie avec celle-ci. J’ai commencé à réciter Daimoku* tout haut ou à voix basse avant chaque discours pour aider les gens à trouver leur propre force intérieure et à reconnaître comment ils pouvaient également propager la paix. J’ai continué d’approfondir ma foi et, en 2016, j’ai assisté à ma première conférence du Groupe des jeunes hommes au Centre éducatif et culturel de Caledon, ce qui a vraiment suscité un nouveau sentiment d’enthousiasme et de confiance en ma pratique bouddhique. Lors de ce séminaire, j’ai pris la décision d’y revenir l’année suivante, ce que j’ai fait en juin dernier, et de continuer d’œuvrer pour créer la paix mondiale dans ma vie professionnelle. 

L’année qui vient de s’écouler s’est avérée être l’une des plus difficiles pour moi, en raison de mes voyages constants et d’une élection dans mon pays natal, les États-Unis, dont le résultat n’a pas correspondu à ce que j’espérais. De plus, un grand nombre de changements dans mon emploi ont suscité un nouveau sentiment de solitude chez moi. Sans système de soutien et incertain quant à l’aide vers laquelle me tourner, je me suis mis à prier davantage en essayant d’être reconnaissant du fait que cette fois-ci, j’avais un moyen de canaliser ma frustration et ma tristesse dans la récitation de Daimoku*. Toutefois, après quelques mois, les choses semblaient s’être plutôt aggravées. J’ai néanmoins continué de réciter et, au printemps dernier, tout ce que j’avais espéré a commencé à se manifester. Je me rends compte maintenant que j’étais en train d’effectuer une autre grande révolution humaine comme celle du Kilimandjaro et qu’il me fallait reconnaître que, même si le soutien des autres est important, il est également essentiel de comprendre à quel point nous sommes forts en tant qu’êtres humains. Il suffit de puiser dans la nature intrinsèque de bouddha que nous possédons tous et de maintenir la flamme de l’espoir. 

Spencer et sa famille dans le parc Stanley à Vancouver. De gauche à droite : Annie (sœur), Spencer, Tonette (mère) et Kenny (père).Spencer et sa famille dans le parc Stanley à Vancouver. De gauche à droite : Annie (sœur), Spencer, Tonette (mère) et Kenny (père).

Je ne sais pas quelle sera ma prochaine montagne, mais je trouve confiance et réconfort dans ma foi et ma pratique bouddhiques qui m’accompagneront forcément lors de ma future ascension. Comme nous l’a mentionné le président de la SGI, Daisaku Ikeda, dans son message d’encouragement au séminaire du Groupe des jeunes hommes à Caledon cette année : « Une lanterne peut éclairer un lieu plongé dans l’obscurité depuis cent, mille ou dix mille ans. »1 De même qu’une simple flamme peut éclairer l’obscurité, la Loi mystique de Nam-myoho-renge-kyo permet à chaque personne de transformer une vie de problèmes et de souffrances sans fin. Cette grande Loi mystique nous permet de briller de façon éclatante et de mener la vie la plus précieuse et la plus sensée qui soit aux côtés de nos amis.  

Regardez Spencer West dans "Treasure the Connection" Regardez

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1 Les Écrits de Nichiren, p. 934.

* Consulter le glossaire en troisième de couverture.