Dissiper les doutes
Par Oscar Ciel
Après avoir reçu mon Gohonzon, je l’ai discrètement enchâssé dans ma chambre par peur que quelqu’un ne puisse l’endommager. Aucun membre de ma famille ne le savait. Je pouvais réciter Gongyo et Daimoku librement tous les jours, mais je devais le faire à voix basse pour ne déranger personne. Le mot Honzon est un terme japonais qui signifie « objet de respect ou de vénération » et le préfixe Go signifie « digne d’honneur ». En récitant Nam-myoho-renge-kyo, la Loi ultime de l’univers, devant mon autel bouddhique, je pouvais en activer le pouvoir. En outre, j’étudiais la philosophie de Nichiren Daishonin, le fondateur de notre pratique bouddhique, à travers ses nombreux écrits. Cette combinaison m’a aidé à amorcer des changements intérieurs positifs.
Après quelques mois, les membres de ma famille ont commencé à remarquer diverses améliorations dans ma vie. Je leur ai alors transmis les bases de ma nouvelle pratique bouddhique, et cela a favorisé une meilleure compréhension de leur part. Un jour, à ma grande surprise, ma mère a suggéré que je déplace l’installation de mon Gohonzon de ma chambre au salon, ce qui représentait une immense avancée bénéfique. Quelques années plus tard, ma mère a également commencé à pratiquer le bouddhisme avec moi.
J’étais cependant confronté à divers obstacles au Panama. En 1988, j’ai saisi l’opportunité de déménager au Canada pour améliorer mon existence. Ma situation n’était toutefois pas assurée. J’ai atterri à Montréal avec peu d’argent et sans aucune connaissance du français, la langue officielle du Québec. Heureusement, j’avais mon Gohonzon avec moi, ce qui m’a insufflé du courage durant les premiers jours suivant mon arrivée au Canada. Puis, en raison des conditions économiques à Montréal, j’ai dû déménager à Toronto en 1995. Dans ma nouvelle ville, j’ai immédiatement participé aux activités de la SGI, notamment aux réunions de discussion et d’étude. Grâce à cette bonne fortune, les bienfaits se sont accumulés et ma vie s’est épanouie.
Oscar avec sa mère, Melviana (au centre), et sa sœur, Yanela,
qui sont toutes deux membres de la SGI.
Malgré cela, après plusieurs années sans obstacle majeur, ma pratique bouddhique a été mise à l’épreuve. En octobre 2019, alors que nous revenions d’un rendez-vous chez le dentiste, ma mère et moi avons été victimes d’un accident de la route à Mississauga. Nous circulions sur l’autoroute Gardiner, l’une des plus achalandées de Toronto. Sept voitures sont entrées en collision et l’autoroute a dû être fermée pendant plusieurs heures. Je suis convaincu que grâce à ma récitation de Daimoku, nous n’avons pas été blessés, même si ma voiture a été déclarée perte totale. À noter que cet événement ne m’a pas incité à remettre en question la protection du Gohonzon. Je n’en ai aucunement douté, bien au contraire. Ainsi, après tant d’années, cela m’a ouvert les yeux et fait réévaluer ma pratique bouddhique. Ma détermination d’approfondir l’étude de la philosophie du bouddhisme de Nichiren Daishonin s’est renouvelée.
Trois mois plus tard, en janvier 2020, ma foi bouddhique a de nouveau été éprouvée. Ne me sentant pas bien, j’ai consulté mon médecin traitant. Après une série de tests pour déceler le problème, le dernier examen consistait à effectuer une coloscopie. J’ai été abasourdi par le résultat : je souffrais d’un cancer du rectum. Cette annonce m’a fait l’effet d’un choc violent. Durement frappé par cette épreuve, je me suis interrogé sur ladite protection dont j’avais toujours bénéficié auparavant grâce à la récitation de Nam-myoho-renge-kyo. Pourquoi cela m’arrivait-il alors que ma pratique bouddhique était solide?
Après avoir révélé ma condition médicale, j’ai reçu des témoignages de soutien de la part de nombreux pratiquants. L’un de mes responsables aînés m’a conseillé de poursuivre l’étude du bouddhisme de Nichiren Daishonin et de lire les orientations du président de la SGI, Daisaku Ikeda. C’est ce que j’ai fait. Petit à petit, je suis parvenu à accepter ma nouvelle réalité et, en approfondissant mes lectures, je suis tombé sur ce passage du Gosho[1] qui est devenu l’un de mes écrits préférés :
« Quelle que soit la ferveur avec laquelle Nichiren prie pour vous, si vous manquez de foi, ce sera comme essayer de faire du feu avec une mèche humide. Efforcez-vous de faire surgir le pouvoir de la foi. Considérez comme merveilleux le fait d’être encore en vie. Employez la stratégie du Sûtra du Lotus avant toute autre. »[2]
Sans hésitation, j’ai commencé à réciter Daimoku avec ferveur. Un autre passage que m’a transmis un responsable aîné m’a également permis de considérer les choses sous un angle différent :
« Nam-myoho-renge-kyo est semblable au rugissement d’un lion. Quelle maladie pourrait donc constituer un obstacle? »[3]
Cet extrait m’a aidé à comprendre la raison pour laquelle je rencontrais l’obstacle que représente la maladie. Nam-myoho-renge-kyo est la source ultime de la force qui permet de surmonter toute souffrance. J’ai réalisé que la raison pour laquelle j’endurais ce tourment était simple : j’avais une mission à accomplir à cet effet. J’ai été transféré à l’un des meilleurs hôpitaux pour le traitement du cancer au Canada. Sur place, une excellente équipe de médecins s’est occupée de moi. Ces derniers ont établi un programme de radiothérapie et de chimiothérapie afin de réduire la taille de la tumeur. Ils ont ensuite été en mesure de réaliser l’opération chirurgicale.
Après cette intervention, je devais suivre une autre série de séances de chimiothérapie. Pour que mon traitement du cancer soit couronné de succès, ma famille et moi avons défini un plan que nous avons appelé « la stratégie bouddhique », laquelle consistait à réciter d’abondants Daimoku*. Ensemble, ma sœur, ma mère et moi, nous sommes parvenus à en réciter trois millions, à partir du moment où j’ai appris le diagnostic jusqu’au jour de mon opération. J’ai eu le soutien des responsables et des membres de mon district bouddhique qui sont venus prier chez moi. C’était avant le début du confinement lié à la pandémie. Par la suite, ils m’ont encouragé à distance, voire par visioconférence. Mon opération, qui a eu lieu le 31 juillet 2020, a duré trois heures et demie. Le chirurgien a pu retirer sans difficulté toutes les tumeurs cancéreuses qui affectaient mon rectum.
En revanche, je suis resté à l’hôpital une semaine de plus en observation car physiquement, je ne réagissais pas comme prévu durant ma convalescence. Mon état a commencé à se dégrader. Deux jours après l’opération, je vomissais parce que je n’arrivais pas à digérer correctement les aliments solides que j’ingérais. Pendant deux jours, on m’a introduit un tube dans la gorge et alimenté par voie intraveineuse. Une fois le tube et l’intraveineuse retirés, je suis passé à une alimentation liquide. J’avais perdu du poids et je me sentais faible. J’avais du mal à maintenir ma prière quotidienne, mais je pouvais tout de même réciter Nam-myoho-renge-kyo dans mon lit. J’ai donc prié pour générer la force de guérir et pour arriver à reprendre dès que possible mes activités bouddhiques.
Ce fut formidable de recevoir un message m’informant que des pratiquants de la SGI du Canada organisaient des sessions de Daimoku pour mon prompt rétablissement.
De gauche à droite : Jimmy (beau-frère), Ariana (membre de la famille),
Lize (membre de la famille), Melviana (mère), Oscar et Yanela (sœur).
Des membres de tout le pays ont récité pour moi, notamment à Montréal, Calgary et Vancouver. Ce message m’a rempli de joie et insufflé la force de continuer mon combat. Quelques jours plus tard, j’ai recouvré mon énergie vitale. Je pouvais enfin me lever et faire des exercices journaliers comme, par exemple, me déplacer hors de ma chambre. Constatant ces progrès, les médecins m’ont rapidement autorisé à quitter l’hôpital. Les paroles de mon mentor,Daisaku Ikeda, s’appliquent véritablement à ma situation. Il a écrit :
« En raison du principe selon lequel ‘‘les désirs terrestres mènent à l’illumination’’, la souffrance se change en illumination et en bonheur. Plus notre difficulté ou notre peine est intense, plus nous pouvons la transformer en bonheur. Tel est le pouvoir du Daimoku. C’est pour cela que ceux qui récitent Nam-myoho-renge-kyo ne redoutent rien. Il n’y a aucune raison d’avoir peur. »[4]
Aujourd’hui, ma santé s’est nettement améliorée. Je peux désormais mener mes activités quotidiennes sans aide. Ma croyance dans le Gohonzon m’a procuré une grande force intérieure,tandis que mes nombreuses années de pratique et d’étude bouddhiques m’ont fourni le courage nécessaire. Bien sûr, les Daimoku de chacun m’ont également soutenu. Je tiens d’ailleurs à remercier toute ma famille, en particulier ma mère, ma sœur et mon beau[1]frère, pour être demeurés à mes côtés et ce, depuis le premier jour de l’annonce de ma maladie.
Publié en avril 2023 ère nouvelle
[1] Gosho : (jp.) Nom donné aux écrits de Nichiren Daishonin, qu’ils soient destinés à une seule personne ou à tous ses disciples, par son successeur, Nikko Shonin. Le caractère japonais sho signifie Écrit et go est un préfixe honorifique. Après la mort de Nichiren, Nikko rassembla et recopia les écrits de son maître, auxquels il donna le nom de Gosho, ou « Vénérables écrits ».
[2] « La stratégie du Sûtra du Lotus », Les écrits de Nichiren, p. 1011.
[3] « Réponse à Kyo’o », Les écrits de Nichiren, p. 415.
[4] Traduction provisoire, La sagesse pour créer le bonheur et la paix, volume 2, p. 122.