Différents par le corps, un en esprit
Si la conscience d’être « différents par le corps, un en esprit » prévalait parmi les êtres humains, ils atteindraient tous leur but. En revanche, s’ils sont « un par le corps, différents par l’esprit », ils ne pourront rien accomplir de remarquable.
-Nichiren Daishonin (Les écrits de Nichiren Daishonin, vol.1, p.622)
Le type d’unité recherché n’est pas une uniformité mécanique ou imposée, voire par la force. Il ne s’agit pas d'une uniformité mécanique, coercitive, imposée par une force extérieure. Au contraire, l’unité recherchée se fonde sur le respect de la diversité et des qualités uniques de chaque individu. Cette unité découle, pour citer le président de la SGI Daisaku Ikeda, de ce que les personnes « se considèrent les unes les autres comme des trésors individuels uniques et irremplaçables, et s’efforcent de mettre en lumière ce qu’il y a de meilleur en chacune d’elles ».
Le bouddhisme insiste beaucoup sur les liens humains qui constituent le contexte dans lequel les enseignements (la Loi ou Dharma) sont mis en pratique et transmis. On peut comparer ces liens tissés aux fils d’une étoffe tissée, la chaîne verticale correspondant aux liens entre mentor et disciple, et la trame horizontale aux relations de soutien mutuel entre les pratiquants.
La plus grande valeur est accordée aux enseignements mêmes et Nichiren lui-même rappelait souvent à ses disciples de « suivre la Loi et non la personne », mais il fait aussi maintes fois référence dans ses écrits au fait qu’il est important de développer et de maintenir une unité harmonieuse. Comme il l’écrit dans une lettre, « Tous les disciples de Nichiren, moines et laïcs, devraient réciter Nam-myōhō-renge-kyō avec la conscience d’être “différents par le corps, un en esprit”, en transcendant toute différence entre eux jusqu’à devenir aussi inséparables que les poissons et l’eau dans laquelle ils nagent ». Cette lettre a été écrite alors que la petite communauté des bouddhistes de Nichiren subissait de terribles persécutions de la part des autorités féodales. Nichiren les encourageait à ne pas perdre espoir, malgré leur petit nombre. Il écrit ainsi : « Si la conscience d’être “différents par le corps, un en esprit” prévalait parmi les êtres humains, ils atteindraient tous leur but. En revanche, s’ils sont “un par le corps, différents par l’esprit”, ils ne pourront rien accomplir de remarquable. »
[...] être des responsables généreux et patients qui, au cœur de toutes sortes de différences, savent faire ressortir la couleur unique de chaque personne et rassembler toutes ces couleurs en un splendide arc-en-ciel d’harmonie.
-Daisaku Ikeda (Arc-en-ciel sur le Niagara)
L’expression qu’emploie Nichiren, « différents par le corps, un en esprit », se compose de quatre caractères chinois qui pourraient aussi se traduire par « différents par le corps, identiques par l’esprit ». Ce qui est essentiel ici, c’est que le type d’unité recherché n’est pas une uniformité mécanique, coercitive, imposée par une force extérieure. Au contraire, cette unité se fonde sur le respect de la diversité et des qualités uniques de chaque individu (« différents par le corps »). Cette unité découle, pour citer le président de la SGI Daisaku Ikeda, de ce que les personnes « se considèrent les unes les autres comme des trésors individuels uniques et irremplaçables, et s’efforcent de mettre en lumière ce qu’il y a de meilleur en chacune d’elles ».
Il ajoute, toutefois, que « l'expression “Corps différents et esprits différents” reflète une situation de désunion totale. Alors que “Un seul corps et un seul esprit” représente une sorte d’unité dominée par la pensée collective, dans laquelle l’individualité est ignorée et qui conduit au totalitarisme. Aucune de ces deux situations ne permet aux gens de manifester leurs caractéristiques particulières. »
L’expression « un en esprit » ne signifie pas que l’on adopte un ensemble de valeurs standardisées ou une manière de pensée uniformisée. Il s’agit plutôt de l’adhésion commune, mais profondément individuelle, à un objectif ou un idéal fondamental. Cette conception offre un modèle de solidarité pour tous ceux qui cherchent à opérer un changement positif dans le monde. Chaque personne a une mission unique qu’elle est la seule à pouvoir remplir, une contribution particulière à faire. Cet esprit de collaboration respectueuse et spontanée vers un idéal commun constitue le terreau propice à l'émergence des qualités et à la réalisation des talents uniques de chacun.
Au début des années 1940, alors que le Japon était en proie à un totalitarisme fasciste, le président fondateur de la Soka Gakkai, Tsunesaburo Makiguchi, critiquait l'idéologie officielle d'« abnégation de soi pour le bien public » qui servait à justifier le sacrifice inconditionnel en appui à l’effort de guerre. « Le sacrifice de soi est un mensonge, écrivait-il. La voie authentique repose sur la recherche du bonheur pour soi et pour les autres. » Il déclara que le mouvement se donnait pour mission de permettre à chacun de développer ses propres capacités pour contribuer à l’épanouissement de la société.
Tsunesaburo Makiguchi remarquait aussi l’ironie voulant que les personnes malveillantes se regroupent facilement autour d’un intérêt politique ou matériel commun, alors que les personnes de bonne volonté, plus autonomes spirituellement, ont tendance à négliger l’importance de l’unité. L’histoire regorge d’exemples tragiques montrant que, faute de collaboration entre les personnes de bonne volonté, les forces de la haine et de la destruction ont le champ libre. Il est également évident que seul un rassemblement général de personnes tenant à un avenir plus humain nous permettra de relever les défis du siècle nouveau. L’idéal bouddhiste d'« un seul cœur dans des corps différents » offre une vision de l’unité dans la diversité. Il s’agit de l'unité de personnes autonomes attachées à une transformation intérieure et animées du souci d’autrui et d’une foi dans les possibilités d’un avenir meilleur.
Avec l’autorisation de www.sokaglobal.org