Conserver ma joie vivante
Par Paula Reich
Paula avec son mari Paul
Un camarade danseur m’a initiée au bouddhisme de Nichiren en 1974 alors que j’étais en formation dans la troupe Les Grands Ballets Canadiens. À l’époque, je vivais à Montréal. Au début, je me suis débrouillée par moi-même. Réciter Nam-myoho-renge-kyo* me procurait une grande joie de vivre. Je sentais que cette pratique était ce qui manquait à mon existence. J’ai pris contact avec la SGI au début de 1975 et, le 13 avril de cette même année, soit il y a 43 ans, j’ai reçu mon Gohonzon*. Quelques mois plus tard, on m’offrait un contrat à temps plein avec une compagnie de ballet en Alberta, loin de chez moi. Lorsque j’ai réalisé qu’il n’y avait pas un seul pratiquant à Edmonton et que géographiquement, les membres les plus proches se trouvaient à trois heures de route d’où je me trouvais, j’ai éprouvé une immense déception. Puis, après quelques mois dans ma nouvelle ville, la joie que je ressentais auparavant grâce au Daimoku* a diminué. Au point qu’un soir, j’ai prié avec le sentiment que si l’enthousiasme de cette pratique ne se remanifestait pas, je l’abandonnerais.
Le lendemain même, après les répétitions du matin, deux jeunes hommes venant de Calgary sont entrés dans le studio et m’ont demandé s’il y avait quelqu’un dans la compagnie qui connaissait le bouddhisme de Nichiren. Sans connaître ni mon nom ni mes coordonnées autres que celles de l’endroit où je travaillais, ces deux jeunes hommes avaient effectué trois heures de route d’Edmonton, car quelqu’un leur avait dit qu’il y avait là possiblement une jeune femme ayant commencé à pratiquer à Montréal et qui était maintenant danseuse à l’Alberta Ballet Company. Évidemment, je leur ai dit que c’était de moi qu’il s’agissait. Le lendemain, nous avons tenu notre première réunion de discussion à Edmonton. J’ai invité six de mes amis qui sont tous venus. Trois d’entre eux ont reçu le Gohonzon* peu de temps après. Ce fut le début de mon action pour aider et encourager les autres, et le commencement de ma révolution humaine ayant pour but de conserver ma joie vivante.
Durant les premières années de ma pratique bouddhique, nous étions tous jeunes et souffrant de nombreux problèmes. Je me trouvais dans un mariage véritablement terrifiant et rempli de solitude. Lorsque je rentrais chez moi dans la nuit en voiture, après mon travail ou des activités bouddhiques, je m’encourageais moi-même en entonnant « Le chant de la révolution humaine » composé par Daisaku Ikeda. Ma citation de Nichiren préférée à l’époque était : « Que les divinités m’abandonnent ! Que toutes les persécutions m’assaillent ! Je donnerai cependant ma vie pour la Loi. »1 Douze ans plus tard, je fus capable de changer mon karma, de divorcer de mon premier mari et d’épouser un homme formidable qui possède un fort sens de mission envers kosen rufu, qui me traite avec respect et qui est mon meilleur ami. J’ai aussi traversé de rudes épreuves au niveau médical. J’ai commencé à souffrir d’une santé précaire à l’âge de 23 ans. Au début de la trentaine, j’ai subi une hystérectomie et j’ai été atteinte d’une grave maladie oculaire qui fut heureusement traitée avec succès et dont j’ai été guérie au bout de quelques années. Néanmoins, ma santé ne faisait cependant qu’empirer. Les médecins n’arrivaient jamais à trouver ce qui n’allait pas avec moi.
À l’âge de 44 ans, je fus diagnostiquée avec un phéochromocytome, une tumeur surrénale rare. À la suite d’une chirurgie complexe, j’ai finalement pu me sentir complètement en santé, ce que je n’avais pas éprouvé depuis des années. Ce qui était incroyable c’est que, durant ma maladie, grâce au pouvoir de Nam-myoho-renge-kyo*, j’ai été capable de continuer à danser professionnellement, de diriger une compagnie de ballet avec mon mari et d’enseigner à de jeunes danseurs. J’ai également pu œuvrer au maximum au sein de la SGI, peu importe ce que je traversais. Il faut savoir que cette tumeur aurait pu me causer un arrêt ou une crise cardiaque à n’importe quel moment au cours de ces 20 dernières années. Puis, il y a cinq ans, j’ai été diagnostiquée avec la maladie de Crohn, qui réagit bien aux médicaments. Par la suite, j’ai commencé à avoir des problèmes avec ma démarche et j’ai éprouvé de la difficulté à me déplacer. À nouveau, les médecins ne parvenaient pas à trouver la cause de ces symptômes. Je devais me servir d’une canne tout en constatant que mon appui au sol se détériorait. Je me sentais également très fatiguée. Les spécialistes savaient que quelque chose n’allait pas mais les radiographies ne détectaient rien. C’était très difficile pour moi, notamment parce que j’avais été une personne tellement active et sportive.
En octobre 2015, le directeur général de la SGI, M. Yoshitaka Oba, et la responsable du Groupe des femmes de la SGI, Mme Yumiko Kasanuki, sont venus en visite à Toronto à l’occasion du 55e anniversaire de la première visite du président Ikeda au Canada. J’ai eu la chance de participer à une rencontre avec les responsables du Groupe des femmes, nationales et régionales. Mme Kasanuki discuta avec chacune d’entre nous et, quand nous avons parlé ensemble, elle m’a dit : « La chose la plus importante qu’une personne doit acquérir pour recouvrer la santé est une forte détermination pour aller mieux. » Elle ajouta, « Quand tu récites Daimoku*, prie premièrement pour la santé de M. et Mme Ikeda, puis pour les membres canadiens et ensuite, pour toi-même. Lorsque tu iras mieux, tu devrais revenir au Japon. » Un an plus tard, j’ai passé une mammographie de routine et, après quelques jours, j’ai appris que j’avais un cancer du sein. Le cancer fut retiré avec succès et une chose incroyable se produisit alors. Après quelques mois de radiothérapie, mes mouvements pour me déplacer commencèrent à s’améliorer. De façon incroyable, mon médecin et mon neurologue s’aperçurent que mon trouble liée à ma démarche était causé par un syndrome paranéoplasique neurologique. Ils m’expliquèrent que parfois le corps lui-même attaquait les cellules cancéreuses et causait ainsi d’autres problèmes non reliés. Dans mon cas, les anticorps avaient attaqué mon système nerveux. À présent, mes mouvements se sont améliorés à 90 %. J’ai pu me rendre au Japon en avril 2017, faire le compte-rendu de ma victoire à Mme Kasanuki et transmettre mon expérience lors d’une réunion d’échange.
Parfois, il est difficile de comprendre pourquoi certains souhaits ne se concrétisent pas. Je désirais avoir un enfant, mais je ne fus pas en mesure d’en avoir un. L’an dernier, j’ai découvert que si j’étais tombée enceinte dans la trentaine, il y aurait eu 50 % des chances que mon bébé ou moi mourrions durant l’accouchement en raison de la tumeur surrénale. Les forces protectrices de l’univers m’avaient protégée durant tout ce temps. Aujourd’hui, je suis reconnaissante de pouvoir pratiquer ce bouddhisme, et mes souffrances se sont indubitablement transformées en joie. Le 30 novembre 2014, nous avons inauguré notre magnifique Centre SGI à Edmonton. J’ai été si touchée que le président Ikeda et Mme Ikeda expriment leur grand bonheur de voir l’article dans le journal Seikyo qui en annonçait l’ouverture. Ils nous firent même parvenir un message personnel, nous adressant leurs félicitations et leurs meilleurs vœux aux membres d’Edmonton. Dans son message, M. Ikeda citait Nichiren Daishonin : « Les oiseaux qui s’approchent du Mont Sumeru acquièrent un plumage doré. »2 Je repense souvent à cette citation lorsque j’entre dans notre splendide lieu de culte.
Depuis mes débuts bouddhiques, j’ai toujours fait de mon mieux pour assumer mes responsabilités chaque jour, et je continue à faire de mon mieux. Actuellement, je suis responsable régionale du Groupe des femmes de la SGI du Canada pour la région des Prairies. Celle-ci comprend trois de nos vastes provinces que sont le Manitoba, la Saskatchewan et l’Alberta. Je soutiens également les membres se trouvant dans le territoire du Yukon, dans le Grand Nord canadien où se trouve un groupe nommé Galloping Horse3, dans la ville de Whitehorse. En novembre 2016, mon mari et moi y sommes allés pour les encourager. Whitehorse se trouve à deux heures et demie de vol d’Edmonton et, durant le trajet, j’ai pu transmettre notre pratique bouddhique à deux jeunes hommes. Tous les membres de la région des Prairies œuvrent sincèrement pour transmettre le bouddhisme de Nichiren dans la société. Le monde actuel est rempli de souffrance. Pour cette raison, je suis déterminée à surmonter mes faiblesses et à soutenir la propagation de cet enseignement. Dans les Prairies, le Groupe de la jeunesse s’active avec tout son cœur pour diffuser le bouddhisme de Nichiren. Les jeunes nous encouragent à initier nos amis et nos familles à ce bouddhisme. Ils sont assurément les responsables de l’avenir. Au Canada, nous travaillons pour atteindre notre objectif de 10 000 membres d’ici le 18 novembre 2018. Ce n’est que le début. Nous nous faisons une joie d’avancer ensemble avec les pratiquants du monde entier, avec M. et Mme Ikeda, pour accomplir la grande expansion mondiale de notre mouvement de la SGI pour kosen rufu*.
* Voir glossaire en troisième de couverture.
1 Les Écrits de Nichiren, p. 283.
2 Traduction libre.
3 « Cheval au galop » (traduction libre).