Le Canada, pays de ma mission!
Par Kumiko Ina
Toronto
J’ai grandi au Japon en côtoyant le « Jardin du mouvement Soka »1. L’un de mes désirs était de vivre à l’étranger. En 2010, je suis venue étudier l’anglais à Vancouver avec un visa vacances-travail d’un an, dans l’espoir de concrétiser mon rêve. Remplie de joie et d’excitation, j’étais psychologiquement prête à affronter n’importe quelle contrainte sur ma route. Toutefois, un an plus tard, j’ai dû retourner au Japon, mon visa ayant expiré. Après la période fantastique que j’avais passée au Canada, le pays me manquait. J’ai donc décidé d’y revenir deux mois plus tard en vue d’obtenir un diplôme collégial à Vancouver. L’autre but que je m’étais fixé était l’obtention de ma résidence permanente. À la fin de mes études, mon employeur a proposé de me parrainer en ce sens, et j’ai ainsi pu soumettre ma requête. Durant ce processus, il me fallait attendre sans pouvoir travailler. Je me suis alors investie dans les activités de la SGI locale. Peu de temps après, je me suis blessée. Une opération était nécessaire, mais le coût de l’intervention aurait été trop onéreux pour moi dans la mesure où je ne bénéficiais d’aucune couverture d’assurance. En attendant l’acceptation de ma demande de résidente permanente, mon statut légal s’avérait être complexe, et la meilleure solution consistait à me faire opérer au Japon. Une fois arrivée sur place, il fallait fixer un rendez-vous à l’hôpital et ce processus, qui prenait habituellement un certain temps, variait selon la gravité de l’état du patient. Mais, à ma grande surprise, le service hospitalier a été en mesure de me fixer un rendez-vous rapidement et a réussi à planifier l’opération trois jours après mon arrivée au pays. J’ai considéré cela comme un immense bienfait découlant de ma pratique bouddhique, et je me suis sentie incroyablement protégée. En outre, mes dépenses médicales ont été entièrement couvertes par mon assurance japonaise.
Pourtant, les épreuves étaient loin d’être terminées. La veille de mon départ pour retourner à Vancouver, mon oncle, qui souffrait d’une longue maladie, est décédé. L’immense chagrin causé par la perte d’un membre de ma famille m’a profondément affectée. Ma mère m’a alors réconfortée en me disant que grâce à ma blessure qui m’avait ramenée au Japon, nous avions pu tous nous réunir au chevet de mon oncle et échanger nos dernières paroles avec lui avant qu’il ne nous quitte. Je n’ai pas pu assister à ses funérailles, mais ma mère m’a confié qu’il semblait s’être paisiblement endormi en arborant un sourire sur son visage. À mon retour à Vancouver, les nouvelles de mon avocat étaient vraiment décevantes. Le délai de traitement de ma demande de résidence permanente était passé de six à treize mois, et je n’étais pas autorisée à travailler durant cet intervalle. Après treize mois d’attente, quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que ma démarche avait été refusée. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de contribuer davantage à la réalisation de kosen rufu* au Canada. Assaillie par les doutes, et ne sachant pas pourquoi tout ceci m’arrivait alors que je priais avec tant de sérieux, je me suis lancé le défi de réciter jusqu’à dix heures de Daimoku* par jour. J’ai fait alors beaucoup de recherches pour trouver un moyen de rester au pays qui me permettrait de renouveler ma demande de résidence permanente. Pendant plusieurs mois, j’ai transmis mon curriculum vitae par courriel à diverses entreprises, jusqu’à vingt ou trente par jour, mais la réalité était ardue. Seules deux d’entre elles ont répondu. C’était extrêmement risqué pour une société de parrainer quelqu’un qui n’avait aucun antécédent professionnel avec elle. Malgré la situation, j’étais résolue à planter de bonnes causes en participant aux activités bouddhiques et en pratiquant davantage. J’ai également passé l’examen d’étude de la SGI du Canada.
Kumiko avec ses parents, Mikiko et Junji
Un jour, une entreprise étrangère m’a contactée et proposé de parrainer mon visa de travail si j’acceptais de travailler au sein de leur établissement en Nouvelle-Zélande. Mes sentiments étaient partagés à l’idée de devoir quitter le Canada, car j’y vivais depuis cinq ans et j’y avais tissé de nombreux liens. Cependant, de belles opportunités remplies d’espoir s’ouvrait à moi dans cet autre pays, et j’ai donc quitté Vancouver en 2016. De concert avec la compagnie qui m’embauchait, nous avons préparé tous les documents exigés pour l’obtention de mon permis de travail. Toutefois, après mûre réflexion, j’ai pris la décision de refuser cet emploi qui ne correspondait pas à ce que je recherchais. Après avoir décliné le poste, je me suis rendu compte qu’il me fallait repartir à zéro. J’ai ensuite reçu une nouvelle proposition, mais qui ne correspondait pas plus à mes critères. Les visiteurs ne peuvent demeurer plus de trois mois en Nouvelle-Zélande, et deux mois s’étaient déjà écoulés ... Lorsque je récitais Nam-myoho-renge-kyo*, ma négativité me pesait beaucoup. J’étais sur le point de renoncer à mon but de me bâtir une vie à l’étranger, et de simplement retourner au Japon. J’ai néanmoins persisté dans mes Daimoku pour faire jaillir le meilleur résultat possible. À la suite de quoi, un employeur, intéressé par mon parcours, m’a contactée pour m’informer que si j’acceptais son offre, il me parrainerait pour mon permis de travail. Déterminée à décrocher ma résidence permanente en Nouvelle-Zélande, je me suis totalement investie dans ce nouveau poste. Malheureusement, cette victoire fut de courte durée. L’atmosphère harmonieuse qui régnait au départ sur mon lieu de travail s’est complètement dégradée quelques mois plus tard. Ma santé mentale en a été gravement affectée. Je récitais Nam-myoho-renge-kyo pour savoir si je devais renoncer à ma santé et garder cet emploi, même s’il constituait la porte d’entrée de ma résidence permanente.
Les membres de la SGI de Nouvelle-Zélande m’ont soutenue à l’aide d’encouragements et en maintenant le contact avec moi. Après avoir pris mon temps pour effectuer un choix éclairé, j’ai finalement décidé de démissionner. Peu de temps après, j’ai trouvé un autre poste au sein d’une société pour laquelle je souhaitais travailler depuis longtemps. Cet emploi m’a beaucoup aidée à démarrer ma carrière. De plus, j’ai découvert que l’un de mes collègues de travail était également membre de la SGI, ce qui m’a été d’un immense support.
Puis, en quête d’occasions professionnelles encore plus intéressantes, j’ai déménagé en Australie en 2017. J’ai joint le Groupe Jacaranda2 de la SGI d’Australie et tissé des liens d’amitié avec les membres du Groupe de la jeunesse de Sidney. Cela dit, les complications n’ont pas cessé pour autant et mes problèmes de visa sont réapparus. J’ai donc pris la décision de trouver un employeur qui pourrait me parrainer dans ma démarche d’obtention de visa, tout en me disant que ce serait la dernière fois que je mènerais un tel combat. Mes Daimoku se sont intensifiés. J’ai prié de tout mon cœur pour répondre aux attentes de mon mentor, Daisaku Ikeda3, en remportant la victoire. Rapidement, j’ai constaté qu’il n’y avait pas énormément de possibilités pour moi dans l’hôtellerie en Australie.
En 2018, à la suite de la proposition d’un employeur qui était prêt à me parrainer à Toronto, je suis retournée au Canada. Cette fois-ci, l’esprit indomptable de ne pas abandonner jusqu’à l’obtention de la résidence permanente était gravé au plus profond de mon être, mais le sort en a décidé autrement. Mon nouveau lieu de travail est devenu toxique et la pandémie de COVID-19 a frappé. Je n’étais pas couverte par l’assurance santé de l’Ontario, et j’ai temporairement été mise à pied. J’étais dans une voie sans issue. J’ai quand même accueilli cette difficulté avec optimisme, et les activités de la SGI m’ont redonné du courage. Ne pas avoir de travail me donnait amplement le temps de rassembler les documents du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie qui m’étaient exigés pour soumettre une nouvelle demande de résidence permanente. Finalement, j’ai facilement pu envoyer tous les papiers requis en septembre 2020.
Kumiko (1e à droite) avec des membres du Groupe de
la jeunesse du district Riverdale, à Toronto
La veille du 16 mars 2021, journée commémorative de kosen rufu, j’ai eu l’honneur de me voir proposer la responsabilité du Groupe des jeunes femmes du district « Riverdale », à Toronto, position que j’ai immédiatement acceptée avec joie. Je me suis alors fixé l’objectif de réciter un million de Daimoku avant le 3 mai, jour de la Soka Gakkai, pour clarifier, voire régler mon statut une bonne fois pour toutes. Le 7 mai 2021, ma demande de résidence permanente était officiellement approuvée ! Je n’oublierai jamais ce sentiment de victoire absolue. Plus de dix ans s’étaient écoulés depuis ma première tentative en 2011. Durant ce long parcours, les incessants contretemps que j’ai rencontrés m’ont souvent brisé le cœur, mais ma pratique bouddhique m’a permis de rester bien centrée. Je n’ai jamais perdu espoir. Année après année, peu importe où je me trouvais, j’ai surmonté chaque obstacle avec un esprit toujours plus solide.
Je suis profondément reconnaissante envers le consultant spécialisé dans les demandes de visa, basé à Vancouver, qui s’est battu pendant cinq ans pour mener les démarches relatives à mon statut légal au Canada. J’éprouve également une gratitude sans borne envers tous les amis que j’ai rencontrés en cours de route, ma famille, tous mes employeurs et les membres de la SGI qui m’ont soutenue. En définitive, j’ai véritablement vécu selon le thème qui avait été établi pour l’année 2021, soit : l’« Année de l’espoir et de la victoire. » En guide de réponse aux attentes de mon mentor envers la jeunesse, j’ai écrit une lettre à M. Ikeda pour lui faire part de ma victoire. En retour, j’ai reçu un merveilleux message personnel de sa part :
« Félicitations! Je prie pour votre succès et votre bonheur. »
Au cours de l’été 2022, j’ai déménagé à Vancouver, la nouvelle ville où j’accomplis ma mission. En tant que disciple du président Ikeda, je vais œuvrer encore davantage en faveur de kosen rufu au Canada, et maintenir le cap vers le centième anniversaire de la Soka Gakkai, en 2030.
Publié en juillet 2023 ère nouvelle
________________________
1 Le « Jardin du mouvement Soka » est un groupe qui s’adresse aux enfants qui participent aux rencontres de la SGI tout en étudiant le bouddhisme de Nichiren Daishonin.
2 Équivalent du Groupe des Feuilles d’érable de la SGI du Canada, dont les pratiquants, à l’arrière-scène, soutiennent les activités dans les centres culturels en s’assurant de la sécurité des membres et du succès des rencontres.
3 Actuel président de la Soka Gakkai internationale (SGI).
* Consulter le glossaire en troisième de couverture.