Démontrer la preuve factuelle dans ma vie
Par Ryan Nother
Peu de gens le savent mais, en 2016, j’étais véritablement au fond du gouffre. Je me trouvais dans un cercle vicieux de malchances et d’afflictions. C’était vraiment un point culminant du premier chapitre de ma vie, et je m’étais éloigné de presque tout le monde. Mes proches vivaient très loin, dans le sud de l’Ontario, je n’avais pas noué de liens d’amitié solides à Winnipeg et je n’avais pas de petite amie. En plus de cela, je devais lutter avec mes ex-compagnes pour arriver à voir mes enfants. La solitude accentuait ma détresse, et il ne m’était plus possible de la gérer. Pendant près d’un an, mon état de vie s’est situé au niveau de celui d’enfer. Pour aller mieux, j’ai essayé la thérapie ainsi que des techniques pour retrouver un équilibre et un bien-être. C’était la première fois que je recherchais des réponses [à mes souffrances], et j’ai consulté une série de livres et de vidéos en espérant soigner mon mal-être.
Un jour, alors que je souffrais émotionnellement et mentalement, des pensées particulièrement sombres me sont venues à l’esprit. J’ai pensé que c’était ce que devait ressentir les gens lorsqu’ils songent au suicide et pourtant, ce fut le contraire pour moi. J’ai éprouvé de la gratitude pour cette occasion qui m’était donnée de traverser cette épreuve. Je savais que le combat que je mènerais serait un bienfait au bout du compte, d’une façon ou d’une autre. Alors que je continuais à réfléchir ainsi, une question m’est soudainement venue à l’esprit : « Qu’avait donc dû endurer le Bouddha pour parvenir à l’éveil? » J’ai effectué des recherches concernant son histoire sur YouTube. J’ai visionné une série de vidéos décrivant le parcours du prince Siddhartha qui avait quitté le palais de son père en quête de vraies réponses sur le sens de la vie et pour mieux comprendre les quatre souffrances inhérentes à l’existence, soit la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Par le biais de ma propre douleur, je me sentais profondément relié à cet homme que l’on connaît également sous la dénomination du Bouddha Shakyamuni. J’avais l’impression d’avoir vécu une forme d’éveil grâce à lui.
Par le plus grand des hasards, au moment où j’expérimentais ce fameux éveil personnel à Winnipeg, la patronne et confidente de ma mère, une femme prénommée Kate, participait à un séminaire qui avait lieu au Centre éducatif et culturel de Caledon, en Ontario. De manière tout à fait mystique, elle partageait sa chambre avec la responsable d’un district de Winnipeg. Sincèrement préoccupée par ma situation, Kate lui avait parlé de moi en lui confiant le combat que je menais. Dès son retour du séminaire de Caledon, Kate a parlé du bouddhisme à ma mère même si celle-ci n’était pas membre de la SGI. Ma mère a néanmoins compris le message et, peu de temps après, je recevais une invitation d’un district de Winnipeg pour participer à leur réunion de discussion. Avec le recul, je réalise maintenant que la synchronisation de tous ces événements était une manifestation évidente de la Loi merveilleuse de Nam-myoho-renge-kyo*.
Lors de ma première rencontre bouddhique, j’étais plutôt intimidé. Je suis entré dans la pièce et tous les participants récitaient déjà Daimoku*. Quelqu’un m’a offert un livret pour suivre le Gongyo* et j’ai essayé de faire de mon mieux. Ce jour-là, j’ai récité Nam-myoho-renge-kyo pour la toute première fois. Durant cette réunion, quelqu’un a lu le passage suivant d’une lettre de Nichiren Daishonin :
« Prenez les souffrances et les joies comme elles se présentent. Considérez la souffrance et la joie comme des réalités de la vie et continuez à réciter Nam-myoho-renge-kyo, quoi qu’il arrive. Qu’est-ce que cela désigne, sinon la joie illimitée de la Loi? Renforcez plus que jamais votre foi. »[i]
Ces paroles m’ont vraiment marqué. J’ai répété ce passage dans ma tête pendant des jours, des semaines, voire des mois d’affilée, un peu comme une chanson entraînante que l’on entend à la radio.
Je pensais au caractère éternel de la pratique bouddhique, à Nichiren Daishonin qui a révélé Nam-myoho-renge-kyo pour la première fois au XIIIe siècle, et à quel point la récitation de ce mantra est puissante. Nichiren a ainsi transcendé le temps et l’espace afin que je puisse être connecté au Daimoku. Il en est de même des trois présidents fondateurs[ii] de la Soka Gakkai. En priant pour kosen rufu*, c’est autant pour eux que pour moi qu’ils le faisaient. À présent, c’est à mon tour de réciter Nam-myoho-renge-kyo pour moi… et pour eux, car le Daimoku ne connaît pas les limites du temps ou de l’espace. Lorsque nous prions, les règles que nous nous sommes imposées ne s’appliquent plus. Nam-myoho-renge-kyo prévaut sur tous les principes physiques et imprègne l’univers de sa bienveillance.
Quand j’ai commencé à réciter Daimoku, j’avais de la difficulté à louer mon studio et je devais recevoir de l’aide financière de ma famille. J’étais totalement isolé. Chaque jour, je me retrouvais dans l’état d’enfer à tout point de vue, que ce soit mentalement, émotionnellement ou physiquement. Cependant, dès que j’ai été connecté à la pratique bouddhique, au Gohonzon* et à mon mentor, Daisaku Ikeda[iii], ma vie s’est transformée sous mes yeux. Ma nouvelle énergie vitale n’est pas passée inaperçue. On m’a choisi pour une promotion au travail et cela m’a aidé à devenir indépendant financièrement. De plus, j’ai rencontré la femme de mes rêves et nous nous sommes mariés. Par surcroît, j’ai pu transformer le « poison » de mes relations toxiques avec les mères de mes enfants en « remède », c’est-à-dire en respectant leur nature de bouddha intrinsèque. Je me suis d’ailleurs mis à les considérer et à les traiter comme des bouddhas. Elles font désormais partie de mes plus proches alliées.
Après une longue période sans adresser la parole à mon père, j’ai réussi à trouver le courage de lui faire part de la honte que je ressentais envers lui. J’éprouvais ce sentiment depuis très longtemps à son égard. Cependant, lorsque j’ai commencé à réciter Nam-myoho-renge-kyo, j’ai surmonté cette peur et repris confiance en moi grâce à mes prières sincères. En renouant courageusement les liens avec mon père, je suis convaincu que j’aide aussi toute ma famille à transformer son karma. À cet effet, dès mon premier jour de pratique bouddhique, j’ai émis un souhait que je conservais au plus profond de mon cœur. Je peux toutefois affirmer avec bonheur que mon vœu a été exaucé et que la plus magnifique des victoires s’est concrétisée. Ainsi, ma fillette de sept ans, née d’une union précédente, fait enfin partie de ma vie. Sa mère avait refusé tout contact entre nous, mais je n’ai jamais abandonné et j’ai fait confiance au pouvoir du Daimoku. J’ai accueilli ma fille pour la première fois en janvier 2021. Nous chérissons dorénavant chaque instant que nous passons ensemble.
Ryan et son père, Brian.
Je crois que ma mission est de continuer à démontrer des preuves factuelles dans ma vie et à inspirer les autres afin qu’ils puissent transformer leur existence en accomplissant leur propre révolution humaine. Les uns avec les autres, nous pourrons ainsi générer un profond bonheur pour tous les êtres vivants.
En terminant, je tiens à exprimer ma gratitude envers une femme exceptionnelle et dévouée, feu Mme Elizabeth Izumi.[iv] Grâce à ses encouragements, j’ai pu pratiquer ce bouddhisme et devenir véritablement heureux. Le rayonnement de sa vie au cours de laquelle elle n’a cessé de mener des actions sans relâche pour kosen rufu perdurera éternellement, à travers moi et cette grande famille qu’est la SGI.
Publié en décembre 2021 ère nouvelle
* Consulter le glossaire en troisième de couverture.
[i] Les Écrits de Nichiren, « Le bonheur dans ce monde », p. 685.
[ii] Il s’agit de Tsunesaburo Makiguchi (1871-1944), Josei Toda (1900-1958) et Daisaku Ikeda (1928-…).
[iii] Actuel président de la Soka Gakkai internationale (SGI).
[iv] Mme Elizabeth Akiko Izumi (1936-2021), responsable pionnière de la SGI du Canada, rencontre Daisaku Ikeda en octobre 1960 alors qu’il effectue sa première visite en sol canadien. Bien qu’elle n’était pas membre de la SGI à cette époque, elle est vraiment touchée par les encouragements chaleureux que lui prodigue le président Ikeda. Dix-neuf mois plus tard, en raison de problèmes de santé, elle adopte le bouddhisme de Nichiren Daishonin, et c’est ainsi que démarre son courageux parcours destiné à propager la pratique bouddhique dans tout le pays.