Écrire sa propre histoire
Par Leandro De Sousa
Un jour, j’ai quitté l’école plus tôt que prévu et, au lieu de prendre l’autobus pour rentrer à la maison, j’ai décidé de marcher. J’ai aperçu un homme handicapé qui demandait de l’aide aux passants près du Centre de la SGI de Rio. Étant donné que personne ne s’arrêtait, j’ai décidé de lui porter secours. Il m’a alors confié que son corps était à moitié paralysé et qu’il avait besoin d’un coup de main pour traverser la rue. Il désirait se rendre au Centre bouddhiste pour réciter Daimoku*. Bien sûr, j’ignorais complétement de quoi il s’agissait… Après l’avoir aidé à traverser l’intersection, il a souhaité que je l’amène à l’intérieur de l’immeuble, ce que j’ai accepté d’emblée. Il m’a alors parlé de Nam-myoho-renge-kyo* et m’a expliqué qu’il avait eu un accident de moto et, qu’après avoir été dans le coma, il avait été très heureux de reprendre conscience. Pour exprimer sa gratitude, il avait alors récité trois Nam-myoho-renge-kyo*.
J’ai été impressionné par l’état d’esprit positif dont il faisait preuve malgré ses problèmes d’ordre physique. Je me suis alors demandé pourquoi il était si difficile, pour moi et d’autres, d’éprouver une telle joie malgré les conditions favorables dans lesquelles nous nous trouvions. Lorsque je suis entré dans le Centre de la SGI et que j’ai entendu Nam-myoho-renge-kyo*, j’ai été étonné par le son et je me suis demandé ce que ces gens pouvaient bien réciter! Néanmoins, en quittant la salle, je me sentais vraiment bien et j’ai demandé à la réceptionniste comment je pouvais en apprendre davantage sur ce mantra. Avant de connaitre le bouddhisme de Nichiren, il me semblait que mon histoire était déjà toute tracée et que je n’avais d’autre choix que de suivre ce parcours. J’avais été un élève très appliqué depuis l’âge de 13 ans, un étudiant qui croyait que l’éducation était la seule façon de se construire une vie meilleure. Pourtant, même si j’étudiais longtemps et avec acharnement, que j’excellais dans les exercices et les évaluations ponctuelles, j’étais très stressé avant les examens plus importants, et je les ratais invariablement. Je commençais à douter de mon acceptation à l’université, et me demandais si je ne devrais pas me trouver un emploi comme plusieurs de mes amis avaient décidé de le faire. En outre, ma famille n’avait pas assez d’argent pour financer mes études supérieures.
Toutefois, à partir du moment où j’ai récité Nam- myoho- renge- kyo les choses ont changé. J’ai alors démarré l’écriture de mon propre scénario. Immédiatement après avoir commencé à pratiquer ce bouddhisme, j’ai passé un examen d’entrée à l’université et je me suis vu offrir une bourse d’études. De plus, j’ai obtenu une place de stagiaire me permettant de payer mes dépenses courantes et d’économiser assez d’argent pour poursuivre mes études. J’allais devenir la première personne de la famille à obtenir un diplôme universitaire, un accomplissement inimaginable! J’ai ainsi pu réaliser clairement à quel point la pratique bouddhique était en train de changer ma vie en profondeur et comment je pouvais contrôler mon esprit au lieu de laisser la peur et l’incertitude prendre le dessus.
Je me souviens très bien que mes responsables de l’époque me disaient que si je ne mettais pas l’impossible au défi, je ne connaîtrais jamais le véritable pouvoir de Nam-myoho-renge-kyo*. En même temps que je développais mes habiletés en tant qu’ingénieur logiciel, je m’impliquais toujours plus au sein de la SGI du Brésil. Pour chacune des victoires remportées au cours de l’une de ses activités, je constatais un succès correspondant dans mon existence. En 2005, mon organisation bouddhique locale a connu la croissance la plus rapide de toutes les communautés brésiliennes. À peu près à cette époque, en moins de trois ans, mes responsabilités au travail se sont également accrues et mon salaire a augmenté pour finalement représenter cinq fois plus que le montant initial que l’on m’avait offert au départ.
De petites transformations, comme par exemple l’autodiscipline développée en priant quotidiennement, et le fait d’aider en coulisse pour les événements d’envergure m’ont conduit à déployer des qualités très importantes telles que le sens de la planification et le désir de prendre soin de chaque personne. Ces attributs m’ont aidé dans tous les domaines de ma vie, me rendant plus conscient, plus proactif et plus empathique.
L’un de mes rêves était de déménager à Montréal. Après plusieurs tentatives, j’ai reçu une offre d’emploi à Halifax. À noter qu’il est très rare d’obtenir une proposition de travail au Canada lorsque l’ on vit encore au Brésil. De plus, on m’offrait un bonus intéressant pour déménager en Nouvelle-Écosse. J’ai donc décidé de mettre de côté mon rêve de vivre à Montréal pour plutôt me concentrer sur la reconnaissance que j’éprouvais grâce à ma bonne fortune. En 2015, Amanda, mon épouse, et moi quittions le Brésil pour nous installer au Canada. Très heureux de cette occasion, je me suis efforcé de faire de mon mieux. J’ai entamé mon travail avec l’idée que j’allais apprendre toujours davantage. Je m’imaginais que ce serait la meilleure attitude à adopter mais, à ma grande surprise, tel ne fut pas le cas. Les collègues de mon entourage professionnel éprouvaient de la difficulté à me fournir des explications précises et parfois, ils me cachaient même des informations. On m’a alors fait savoir que l’entreprise n’était pas satisfaite de mon travail, ce qui me fit ressentir beaucoup de déception.
C’est à ce moment-là que je me suis lancé le défi de prier trois heures par jour. Après quelques semaines, la personne qui me critiquait a eu une promotion et, dès le mois suivant, je recevais des commentaires positifs sur mon travail. Durant cette période, j’ai été approché par plusieurs entreprises qui étaient basées surtout à Montréal. Je suis passé par des processus de sélection difficiles mais, même une fois ma candidature acceptée, on ne m’offrait rien. Cette fois-ci, cependant, j’étais tout à fait déterminé à changer pour une bonne entreprise où je pourrais me développer et être vraiment heureux. Finalement, ma candidature a été retenue et on m’a offert un poste à Montréal. C’était une vraie victoire, mais qui n’a pas été sans défis. Travailler ici a été difficile au début. Le système informatique présentait de nombreux problèmes, et les coéquipiers se sentaient autant isolés que démunis devant cette situation. J’ai œuvré très fort sur le plan technique, mais j’ai également tenté d’établir des relations sincères avec les autres. J’ai fait preuve d’une attitude positive qui a permis de mettre l’accent sur la recherche de solutions au lieu de trouver des excuses pour ne pas résoudre les problèmes. C’est en définitive grâce à notre comportement que nous pouvons démontrer nos valeurs en tant que bouddhiste.
Au bout d’un an, j’ai obtenu une évaluation très positive et une bonne augmentation de salaire. Dans mon évaluation, le directeur a mentionné qu’il se réjouissait de m’avoir dans son équipe et que, selon lui, l’équipe ne serait pas la même sans moi. Il a également souligné que j’avais une influence très positive sur la vie de chacun des membres. Comme l’écrit le président de la SGI, Daisaku Ikeda : « Plus vous ferez l’expérience de la souffrance et de la tristesse, plus vous réciterez Daimoku* et plus vous mènerez une vie d’une grande profondeur. Toutes ces expériences nourriront votre croissance en tant que leaders du 21e siècle. »1
Je suis vraiment très fier d’être membre de la SGI et un disciple de Daisaku Ikeda. Chaque pas que je pose vers la paix mondiale ─ c’est-à-dire réciter Nam-myoho-renge-kyo*, aider mes amis à connaître davantage le bouddhisme, offrir ma maison pour diverses activités et participer à des réunions bouddhiques ─ me rend plus fort et m’aide à devenir une meilleure personne. Alors qu’il encourageait les membres du Brésil lors d’une réunion en l’an 2000, M. Ikeda a affirmé que tant que nous étions vivants, nous ne devrions jamais dire que quelque chose est impossible. Le perdant d’aujourd’hui sera le vainqueur de demain. Ainsi, ce qui était impossible hier pourrait être possible aujourd’hui!
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1 ère nouvelle, juillet-août 2016, p. 28.
* Consulter le glossaire en troisième de couverture.