Vivre enfin en paix et en sécurité
Par Analeata Turney
Ma vie n’a pas été de tout repos après la mort de ma mère qui est survenue lorsque j’avais cinq ans. Quand celle-ci est décédée, mon père s’est retrouvé avec cinq enfants, le plus vieux était âgé de sept ans. Inutile de mentionner que ce fut une période difficile pour nous tous. Afin de s’assurer un bon soutien, mon père a eu d’autres partenaires, avec lesquelles il a aussi fait des enfants. Bref, il en a eu vingt-deux en tout.
Quand j’ai atteint mes quinze ans, mon père a déménagé à la Barbade avec sa conjointe et les plus jeunes de notre fratrie. J’aimais mon père et nous avions une bonne relation, mais l’adolescente que j’étais n’avait vraiment pas envie d’abandonner ses amis et son école. Donc, plutôt que de me déraciner, j’ai décidé de demeurer à Toronto. Ayant habité avec différents membres de la famille, j’ai eu droit à une vie plutôt mouvementée avant de connaitre différents foyers de groupe. Toutefois, contrairement à ce que les gens pensent souvent, je m’y suis sentie en sécurité et j’ai eu de bonnes relations avec les gens qui prenaient soin de moi. Mon père est ensuite revenu vivre à Toronto quand j’étais dans la mi-vingtaine. Il a vécu chez moi avant d’avoir besoin de soins à long terme, et j’ai pu m’occuper de lui pendant un certain temps. Il est mort en 2003, à l’âge de 86 ans.
J’ai été initiée au bouddhisme de Nichiren Daishonin en 1988, alors que j’étais en visite chez des amis qui m’avaient demandé de participer au Gongyo* du soir. Pour une raison inconnue, la toute première fois que j’ai entendu les extraits de certains chapitres du Sûtra du Lotus, j’ai eu l’impression de me souvenir des mots. C’était comme si je connaissais déjà le Sûtra du Lotus, et le réciter a été facile pour moi, même s’il s’agissait de la version longue que l’on utilisait à cette époque.
Je me suis immédiatement sentie attirée par les prières. J’ai commencé à réciter Nam-myoho-renge-kyo* et j’ai continué de pratiquer le bouddhisme avec constance depuis ce temps-là. En fait, j’apprécie la camaraderie avec les autres pratiquants de la SGI et le sentiment que j’appartiens à une communauté à titre de membre de cette organisation. J’éprouve de la gratitude envers cette pratique bouddhique qui me permet d’être vraiment moi-même.
En 2001, j’ai eu un accident vasculaire cérébral qui m’a laissée avec une faiblesse du côté gauche. Par chance, je n’ai pas subi de lésion cérébrale permanente, et j’ai pu m’en remettre complètement grâce à de la physiothérapie et une prise de médicaments régulière. Mon père âgé demeurait avec moi à ce moment-là, et j’ai dû m’assurer que l’on prenne bien soin de lui pendant mon hospitalisation. Durant mon séjour à l’hôpital, j’ai été soutenue par mes aînés dans la foi, y compris par la conseillère exécutive de la SGI du Canada, Madame Elizabeth Izumi, qui est venue me voir alors que j’étais en réadaptation au « Toronto Rehabilitation Hospital ». En 2003, mon père est décédé et, peu de temps après j’ai déménagé à Montréal où j’ai vécu pendant 10 ans. Tout au long de ma formation de cuisinière professionnelle au collège Lester B. Pearson, j’ai maintenu une pratique régulière du Gongyo*, c’est-à-dire matin et soir.
Toutefois, à la suite d’un cambriolage dans mon appartement montréalais en 2013, je suis repartie à Toronto. Je n’ai obtenu aucune compensation du propriétaire, malgré sa responsabilité. De retour en Ontario, je crois pouvoir affirmer que j’étais une sans-abri. J’ai vécu avec ma sœur, puis avec mon frère, puis avec ma nièce mais, à chaque fois, l’arrangement ne fonctionnait pas. Entre le stress et mes problèmes de santé, c’était une période difficile pour moi. J’avais soumis une demande de prestations pour invalidité en Ontario, laquelle avait cependant été rejetée.
Heureusement, j’ai pu réciter Nam-myoho-renge-kyo et assister à des réunions de discussion avec l’une des responsables bouddhiques qui vivait près de chez moi. Elle m’a aussi aidée à postuler pour obtenir de l’aide sociale. À peu près à la même époque, j’ai décidé de faire une contribution mensuelle à la SGI du Canada. Je me suis également abonnée à la revue bouddhique New Century. Bien que mon revenu fût minime, j’ai ressenti une immense gratitude pour la protection que m’avait toujours apportée la pratique du bouddhisme de Nichiren Daishonin. En contribuant au fonds de la SGI du Canada, je créais une cause positive pour mon propre bonheur. À noter d’ailleurs que ma confiance n’était pas mal placée. Ainsi, en l’espace de quelques mois, ma demande de soutien pour personne handicapée a été acceptée par le gouvernement ontarien. J’ai également trouvé un emploi à temps partiel tout près de chez moi. Puis, j’ai continué d’alimenter mon courage grâce au passage suivant de l’une des lettres de Nichiren Daishonin :
« Nul ne peut éviter les problèmes, pas même les sages ou les personnes vertueuses.[…] Prenez les souffrances et les joies comme elles se présentent. Considérez la souffrance et la joie comme des réalités de la vie et continuez à réciter Nam-myoho-renge-kyo, quoi qu’il arrive. Qu’est-ce que cela désigne, sinon la joie illimitée de la Loi ? Renforcez plus que jamais votre foi. »1
J’ai récité des Daimoku* sincères pour créer l’unité familiale. Je désirais profondément transformer mes interactions avec ma fratrie. J’ai aussi récité Nam-myoho-renge-kyo pour le bonheur de mon frère et notre bonne entente. Peu de temps après avoir récité avec cet objectif en tête, il m’a téléphoné à l’improviste, et est venu me visiter avec un repas pour deux. Cela ne s’était jamais produit auparavant! Mes relations avec ma sœur et d’autres membres de ma famille se sont également améliorées. Tout cela équivalait à une réponse claire aux prières que j’avais formulées.
Deux ans se sont écoulés depuis ces événements. Entretemps, je n’ai plus eu besoin du soutien pour les personnes handicapées. J’ai trouvé un meilleur emploi, un appartement plus agréable à distance de marche de mon travail, et j’ai même un compte d’épargne. L’hiver dernier, j’ai réussi à m’offrir des vacances à la Barbade et ainsi visiter mes demi-frères et sœurs, de même que d’autres membres de ma nombreuse famille.
Quand je pense à ma pratique bouddhique, je ne peux m’empêcher de sourire. Même lorsque j’ai des problèmes, ceux-ci ne n’empêchent pas d’être heureuse parce que je ne le permets pas. Au lieu de me laisser abattre, j’utilise la stratégie du Sûtra du Lotus et je récite Daimoku. Cela m’a toujours permis de penser plus clairement quand j’avais des décisions à prendre dans ma vie. De plus, je me suis aussi fait de bons amis, autant dans la SGI que dans ma communauté locale.
Nichiren Daishonin a écrit ce qui suit à sa disciple, Dame Nichinyo, pour la rassurer :
« Une femme qui fait des offrandes à ce Gohonzon* attire le bonheur en cette vie et, dans la suivante, le Gohonzon sera avec elle et la protégera toujours. Comme une lanterne dans l’obscurité, comme un guide et porteur robuste sur un chemin de montagne accidenté, le Gohonzon veillera sur vous et vous protégera, Dame Nichinyo, partout où vous irez. » 2
La promesse d’une protection du Gohonzon s’est avérée véridique également pour moi. Cette année, en avril, j’ai officiellement pris ma retraite. Désormais, je vis dans la paix et la tranquillité d’esprit, car je bénéficie d’un appartement sécuritaire et abordable, de la pension de la sécurité de vieillesse, et je mène une vie saine et heureuse.
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1 Les Écrits de Nichiren, « Le bonheur en ce monde », p. 685.
2 Les Écrits de Nichiren, « La composition du Gohonzon », p. 838-839.
Gongyo : Littéralement «pratique assidue». Cette pratique consiste à lire, deux fois par jour, matin et soir, certains passages des chapitres Des Moyens (2e) et Durée de vie (16e) du Sûtra du Lotus, et à réciter Nam-myoho-renge-kyo.
Gohonzon : Objet de culte dans le bouddhisme de Nichiren Daishonin. C’est l’incarnation de la Loi de Nam-myoho-renge-lyo, qui représente l’état de vie que l’on appelle bouddhéité, et que chaque personne possède. Go signifie «digne de respect», et Honzon désigne « l’objet de respect fondamental. »
* Consulter le glossaire en troisième de couverture.